Aller au contenu

Aller à la table des matières

“Ils ne font pas partie du monde”

“Ils ne font pas partie du monde”

Chapitre 14

“Ils ne font pas partie du monde”

LA PLUPART des religions font aujourd’hui bel et bien partie du monde; c’est pourquoi elles participent à ses fêtes et reflètent son esprit nationaliste. Les ecclésiastiques le reconnaissent souvent et beaucoup aiment qu’il en soit ainsi. En revanche, Jésus a déclaré à propos de ses disciples: “Ils ne font pas partie du monde, comme je ne fais pas partie du monde.” — Jean 17:16.

Que révèle l’histoire des Témoins de Jéhovah sur ce point? Ont-​ils fourni des preuves convaincantes qu’ils ne font pas partie du monde?

Leur comportement à l’égard de leur prochain

Les premiers Étudiants de la Bible étaient bien conscients du fait que les véritables chrétiens ne doivent pas faire partie du monde. La Tour de Garde a expliqué que les disciples oints de Jésus étant sanctifiés et engendrés de l’esprit saint pour avoir part au Royaume céleste, ils étaient séparés du monde par cette action de Dieu. En outre, elle a montré qu’ils devaient rejeter l’esprit du monde, à savoir ses objectifs, ses ambitions et ses espoirs, ainsi que ses voies égoïstes. — 1 Jean 2:15-17.

Cela a-​t-​il modifié le comportement des Étudiants de la Bible envers ceux qui ne partageaient pas leurs croyances? Ils ne se sont pas mis à vivre en reclus. Cependant, ceux qui appliquaient vraiment ce qu’ils apprenaient dans les Écritures ne recherchaient pas l’amitié des gens du monde au point d’adopter leur mode de vie. La Tour de Garde a rappelé aux serviteurs de Dieu le conseil biblique de ‘faire le bien à l’égard de tous’. Elle leur a aussi conseillé, en cas de persécution, de s’efforcer de ne pas entretenir du ressentiment, mais plutôt, comme l’avait dit Jésus, ‘d’aimer leurs ennemis’. (Gal. 6:10; Mat. 5:44-48.) Elle les a particulièrement encouragés à chercher à communiquer à autrui la précieuse vérité relative aux dispositions prises par Dieu en vue du salut.

Bien sûr, ce comportement allait amener le monde à les juger différents. Cependant, ne pas faire partie du monde implique davantage, oui, beaucoup plus.

Séparés et distincts de Babylone la Grande

Pour ne pas faire partie du monde, ils ne devaient pas faire partie des religions qui se mêlaient des affaires du monde et qui adoptaient les doctrines et les coutumes de la Babylone antique, l’ennemie séculaire du vrai culte (Jér. 50:29). Quand la Première Guerre mondiale a éclaté, les Étudiants de la Bible dévoilaient depuis plusieurs dizaines d’années les origines païennes des doctrines de la chrétienté comme la Trinité, l’immortalité de l’âme humaine et l’enfer de feu. Ils révélaient que les religions chrétiennes essayaient de manipuler les gouvernements à des fins égoïstes. En raison de ses doctrines et de ses pratiques, les Étudiants de la Bible assimilaient la chrétienté à “Babylone la Grande”. (Rév. 18:2.) Ils soulignaient le fait qu’elle mélangeait l’erreur et la vérité, un christianisme tiède et l’esprit du monde, et que le terme biblique “Babylone” (qui signifie “Confusion”) lui convenait parfaitement. Ils encourageaient ceux qui aimaient Dieu à sortir de “Babylone”. (Rév. 18:4.) C’est dans ce but que, fin décembre 1917 et début 1918, ils ont distribué 10 000 000 d’exemplaires de L’Étudiant de la Bible, un feuillet mensuel, qui avait pour thème “La chute de Babylone” et qui portait une accusation virulente contre la chrétienté. Cette démarche a suscité en retour une vive hostilité de la part du clergé, qui a profité de l’hystérie de la guerre pour tenter d’anéantir l’œuvre des Témoins de Jéhovah.

Pour sortir de Babylone la Grande, il fallait inévitablement se retirer des organisations qui soutenaient ses fausses doctrines. C’est ce qu’ont fait les Étudiants de la Bible, alors que, pendant des années, ils avaient considéré comme des frères chrétiens les membres des Églises qui affirmaient s’être entièrement consacrés à Jésus et exercer la foi en la rançon. Quoi qu’il en soit, non seulement les Étudiants de la Bible ont écrit des lettres de retrait aux Églises de la chrétienté, mais, quand cela a été possible, certains les ont lues à voix haute lors de réunions au cours desquelles les paroissiens pouvaient prendre la parole. Quand cela n’a pas été possible, ils ont envoyé à chaque membre de leur Église une aimable lettre de retrait qui donnait un témoignage approprié.

Se sont-​ils aussi assurés de n’emporter avec eux aucune coutume ni aucune pratique impie de ces organisations? Quelle était la situation avant la Première Guerre mondiale?

La religion devrait-​elle s’immiscer dans la politique?

Dans l’arène politique, en raison de leurs rapports avec les religions catholique et protestantes, les dirigeants de nombreuses nations de premier plan ont longtemps prétendu gouverner ‘de droit divin’, en qualité de représentants du Royaume de Dieu et par une faveur divine particulière. L’Église donnait sa bénédiction à l’État, et en retour l’État accordait son soutien à l’Église. Les Étudiants de la Bible se sont-​ils permis d’agir ainsi?

Au lieu d’imiter les religions de la chrétienté, ils ont cherché à tirer leçon des enseignements et de l’exemple de Jésus Christ et de ses apôtres. Que leur a révélé l’étude de la Bible? Les premières publications de la Société Watch Tower montrent qu’ils savaient que lorsqu’il avait été interrogé par le gouverneur romain Ponce Pilate, Jésus avait répondu: “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde.” Et, répondant à une question relative à son rôle, Jésus a dit au gouverneur: “Je suis né pour ceci, et je suis venu dans le monde pour ceci: pour rendre témoignage à la vérité.” (Jean 18:36, 37). Les Étudiants de la Bible savaient que Jésus était resté fermement attaché à cette mission. Quand le Diable lui avait proposé tous les royaumes du monde et leur gloire, il les avait refusés. Quand le peuple avait voulu le faire roi, il s’était retiré (Mat. 4:8-10; Jean 6:15). Les Étudiants de la Bible n’ont pas fermé les yeux sur le fait que Jésus avait identifié le Diable au “chef du monde”, ajoutant qu’il ‘n’avait pas prise sur lui’. (Jean 14:30.) Ils se rendaient compte que Jésus n’avait pas cherché à se mêler, ou à mêler ses disciples, au système politique romain, mais qu’il était entièrement occupé à annoncer “la bonne nouvelle du royaume de Dieu”. — Luc 4:43.

Leur croyance en ces vérités rapportées dans la Parole de Dieu encourageait-​elle le mépris pour l’État? Pas du tout. Au contraire, elle leur permettait de comprendre pourquoi les dirigeants se heurtent à des problèmes si écrasants, pourquoi le mépris de la loi est si répandu, et pourquoi les projets gouvernementaux visant à améliorer le sort des gens échouent si souvent. Leur croyance les aidait à endurer patiemment les difficultés parce qu’ils étaient convaincus qu’en temps voulu Dieu apporterait un soulagement durable par le moyen de son Royaume. À l’époque, ils pensaient que les “puissances supérieures” mentionnées en Romains 13:1-7, selon la King James Version (Bible du roi Jacques), représentaient les dirigeants du monde. Ils encourageaient donc le respect envers les fonctionnaires de l’État. Dans le livre La Nouvelle Création (publié en 1904), Charles Russell a écrit à propos de Romains 13:7: “L’homme nouveau reconnaîtra en toute sincérité les puissants de ce monde, il obéira entièrement à la loi et à ses exigences sauf quand elles entrent en conflit avec les exigences et les commandements de la loi divine. De nos jours, parmi ceux qui détiennent le pouvoir sur la terre, il en est peu qui s’opposeront à la croyance à un Créateur suprême et à la promesse de fidélité absolue à tous ses commandements. Les membres de la nouvelle création seront donc les plus fidèles à observer la loi à notre époque; on ne les trouvera, ni parmi les agitateurs, ni chez les querelleurs, ni chez ceux qui critiquent tout.”

En qualité de chrétiens, les Étudiants de la Bible savaient que l’œuvre dans laquelle ils devaient se dépenser était la prédication du Royaume de Dieu. Ainsi, comme le disait le premier tome des Études des Écritures, “si [l’Église de Dieu] le fait fidèlement il ne lui restera ni le temps ni le désir de s’ingérer dans la politique des gouvernements actuels”.

À cet égard, ils étaient, dans une grande mesure, semblables aux premiers chrétiens décrits par Auguste Neander dans le livre Allgemeine Geschichte der Christlichen Religion und Kirche (Histoire générale de la religion chrétienne et de l’Église): “Les chrétiens se tenaient séparés de l’État (...), et le christianisme n’était susceptible d’influencer la vie civile que de la manière qui, il faut l’avouer, est la plus pure: en essayant d’inspirer dans la pratique de plus en plus de pieux sentiments aux citoyens de l’État.”

Quand le monde est entré en guerre

Dans le monde entier, les événements de la Première Guerre mondiale ont sérieusement mis à l’épreuve les prétentions de ceux qui professaient le christianisme. Elle a été la guerre la plus horrible jamais connue à l’époque; la quasi-totalité de la population mondiale a été impliquée d’une manière ou d’une autre dans ce conflit.

En dépit des sympathies du Vatican pour les Puissances centrales, le pape Benoît XV s’est efforcé de garder une apparence de neutralité. Toutefois, dans chaque nation, le clergé catholique et protestant ne s’en est pas tenu à cette position neutre. Parlant de la situation aux États-Unis, Ray Abrams a écrit dans son livre Preachers Present Arms (Les prédicateurs présentent les armes): “Les Églises affectèrent une unité d’action jamais connue jusqu’ici dans toute l’histoire religieuse (...). Sans perdre un instant, le clergé s’organisa pour s’adapter à la situation créée par la guerre. Vingt-quatre heures après la déclaration de guerre, le Conseil fédéral des Églises du Christ en Amérique proposa les plans d’une coopération pleine et entière. (...) L’Église catholique romaine, organisée en vue d’un service semblable sous le Conseil de guerre national catholique dirigé par quatorze archevêques et présidé par le cardinal Gibbons, témoigna une égale dévotion à la cause. (...) De nombreuses Églises allèrent au delà de ce qui leur était demandé. Elles se transformèrent en bureaux de recrutement.” Qu’ont fait les Étudiants de la Bible?

Bien qu’ils se soient efforcés de faire ce qui, d’après eux, plaisait à Dieu, ils n’ont pas toujours observé une stricte neutralité. Leur attitude était influencée par le fait qu’ils croyaient, comme d’autres prétendus chrétiens, que les “puissances supérieures” étaient “ordonnées de Dieu” selon les termes de la King James Version (Rom. 13:1). Par conséquent, en accord avec la proclamation du président des États-Unis, La Tour de Garde a exhorté les Étudiants de la Bible à participer le 30 mai 1918 à une journée de prières et de supplications en faveur de la fin de la guerre mondiale *.

Pendant les années de guerre, les Étudiants de la Bible se sont retrouvés dans des situations très différentes. Se sentant tenus d’obéir aux “puissances qui existent”, comme ils appelaient les chefs d’État, certains sont allés au front, dans les tranchées, armés de fusils et de baïonnettes. Cependant, pensant au verset “Tu ne tueras point”, ils tiraient en l’air ou essayaient simplement de désarmer leur ennemi (Ex. 20:13, Sg). Quelques-uns, comme Remigio Cuminetti, en Italie, ont refusé de porter l’uniforme. À l’époque, le gouvernement italien ne faisait pas d’exception pour ceux dont la conscience les poussait à refuser de prendre les armes. Ce frère a été jugé cinq fois et il a été envoyé en prison puis dans un asile, mais il a gardé une foi et une détermination inébranlables. En Angleterre, certains qui avaient demandé l’exemption ont été employés à des travaux d’utilité publique ou envoyés dans un corps non combattant. D’autres, comme Pryce Hughes, ont observé une stricte neutralité et ce, quelles qu’en aient été les conséquences pour eux.

Au moins sur ce point, l’histoire générale des Étudiants de la Bible n’a pas été semblable à celle des premiers chrétiens mentionnés dans The Rise of Christianity (La montée du christianisme), ouvrage de E. Barnes, où on lit: “Une étude soigneuse de tous les renseignements disponibles révèle que jusqu’à l’époque de Marc Aurèle [qui fut empereur entre 161 et 180 de notre ère] aucun chrétien ne devint soldat; et aucun soldat, après être devenu chrétien, ne restait dans le service militaire.”

Mais à la fin de la Première Guerre mondiale s’est présentée une autre situation qui a exigé des groupes religieux qu’ils démontrent à qui ils étaient fidèles.

L’expression politique du Royaume de Dieu?

Un traité de paix, qui incluait le pacte de la Société des Nations, a été signé en France, à Versailles, le 28 juin 1919. Avant même la signature de ce traité de paix, le Conseil fédéral des Églises du Christ en Amérique a déclaré publiquement que la Société des Nations était “l’expression politique du Royaume de Dieu sur la terre”. En outre, le Sénat américain a reçu une avalanche de courrier de la part de groupes religieux qui l’exhortaient à ratifier le pacte de la Société des Nations.

Les Témoins de Jéhovah n’ont pas suivi le mouvement. Le 7 septembre 1919, avant même la ratification définitive du traité (en octobre), Joseph Rutherford a prononcé un discours à Cedar Point (Ohio), discours dans lequel il a montré que le Royaume établi par Dieu, et non la Société des Nations, est le seul espoir de l’humanité affligée. Tout en reconnaissant qu’une alliance humaine destinée à améliorer la situation pouvait être bénéfique, les Étudiants de la Bible n’ont pas renié le Royaume de Dieu pour un expédient politique mis en place par des hommes et cautionné par le clergé. Au contraire, ils ont entrepris de témoigner dans le monde entier que Dieu avait confié le Royaume à Jésus Christ (Rév. 11:15; 12:10). Selon La Tour de Garde du 1er juillet 1920 (en anglais), c’était là l’œuvre annoncée par Jésus en Matthieu 24:14.

Après la Seconde Guerre mondiale, les chrétiens ont rencontré une situation semblable. Cette fois, il était question de l’Organisation des Nations unies, qui succédait à la Société des Nations. En 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale faisait encore rage, les Témoins de Jéhovah avaient déjà discerné à l’aide de la Bible, d’après Révélation 17:8, que l’organisation mondiale pour la paix allait réapparaître et qu’elle ne réussirait pas à établir une paix durable. C’est ce qu’a expliqué Nathan Knorr, le président de la Société Watch Tower, lors d’une assemblée, dans le discours intitulé “La paix de demain sera-​t-​elle de longue durée?” Les Témoins de Jéhovah ont proclamé avec hardiesse ce point de vue sur la situation mondiale. De leur côté, les chefs religieux catholiques, protestants et juifs ont participé aux débats préliminaires à la Charte de l’ONU qui se sont déroulés à San Francisco en 1945. Les observateurs n’avaient aucun mal à identifier qui voulait être “ami du monde” et qui s’efforçait de ne pas “faire partie du monde”, selon ce que Jésus avait annoncé concernant ses disciples. — Jacq. 4:4; Jean 17:14.

La neutralité chrétienne

Si les Témoins de Jéhovah ont rapidement discerné certaines vérités relatives aux rapports des chrétiens avec le monde, il leur a fallu plus de temps pour d’autres questions. Toutefois, alors que la Seconde Guerre mondiale s’étendait en Europe, un article important paru dans La Tour de Garde du 1er novembre 1939 (en anglais) a aidé les Témoins à comprendre ce que représentait la neutralité chrétienne. Les disciples de Jésus Christ, disait l’article, ont devant Dieu l’obligation de lui être entièrement attachés ainsi qu’à son Royaume, la Théocratie. Ils devraient prier pour le Royaume de Dieu, et non pour le monde (Mat. 6:10, 33). À la lumière de ce que Jésus Christ a révélé à propos de l’identité du chef invisible du monde (Jean 12:31; 14:30), l’article tenait le raisonnement suivant: Comment une personne attachée au Royaume de Dieu pourrait-​elle prendre parti pour un camp ou un autre lors d’un conflit entre différentes factions du monde? Jésus n’a-​t-​il pas dit à propos de ses disciples: “Ils ne font pas partie du monde.” (Jean 17:16). Cette position de neutralité chrétienne n’a pas été comprise par le monde en général. Mais les Témoins de Jéhovah l’ont-​ils gardée?

Leur neutralité a été mise à rude épreuve pendant la Seconde Guerre mondiale, particulièrement en Allemagne. L’historien Brian Dunn a déclaré: ‘Il était impossible aux Témoins de Jéhovah de composer avec le nazisme. Ce que les nazis reprochaient le plus aux Témoins, c’était l’attitude qu’ils adoptaient envers l’État et leur neutralité politique. Cela signifiait qu’aucun croyant ne pouvait porter les armes, occuper une fonction politique, participer aux fêtes publiques ou faire un signe d’allégeance quelconque.’ (The Churches’ Response to the Holocaust [La réaction des Églises face à l’Holocauste], 1986). Dans son livre intitulé A History of Christianity (Histoire du christianisme), Paul Johnson a dit aussi: “Beaucoup furent condamnés à mort pour leur refus de faire le service militaire (...) ou finirent à Dachau ou dans des asiles d’aliénés.” Combien de Témoins ont été emprisonnés en Allemagne? Les Témoins allemands ont rapporté par la suite que, parmi eux, 6 262 avaient été arrêtés et, sur ce nombre, 2 074 envoyés dans des camps de concentration. Des auteurs profanes penchent généralement pour des chiffres plus élevés.

En Grande-Bretagne, où les hommes et les femmes étaient appelés sous les drapeaux, la loi prévoyait l’exemption, mais de nombreux tribunaux la refusaient aux Témoins de Jéhovah, et des juges leur ont infligé des peines de prison dépassant au total 600 ans. Aux États-Unis, des centaines de Témoins de Jéhovah reconnus comme ministres chrétiens ont été exemptés du service militaire. Plus de 4 000 autres se sont vu refuser l’exemption par le service de recrutement et ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison allant jusqu’à cinq ans. Dans tous les pays, les Témoins de Jéhovah ont maintenu cette position de neutralité chrétienne.

Toutefois, la mise à l’épreuve de la sincérité de leur neutralité n’a pas pris fin avec la guerre. Certes, la crise de 1939-​1945 était passée, mais d’autres conflits ont éclaté; et même en temps de paix relative, de nombreuses nations ont décidé de maintenir le service militaire obligatoire. En qualité de ministres chrétiens, les Témoins de Jéhovah ont continué à subir des peines de prison partout où on ne leur accordait pas l’exemption. Lorsqu’en 1949 John Tsukaris et George Orphanidis ont refusé de prendre les armes contre leur prochain, le gouvernement grec a ordonné leur exécution. Les sévices (de tous genres) infligés aux Témoins de Jéhovah en Grèce ont été, à maintes reprises, si cruels que le Conseil de l’Europe (Commission des droits de l’homme) a tenté d’user de son influence en leur faveur. Cependant, à la suite des manœuvres de l’Église orthodoxe grecque, les instances du Conseil sont restées, à quelques exceptions près, lettre morte jusqu’à ce jour, en 1992. Toutefois, certains gouvernements ont estimé inconvenant de continuer à punir les Témoins de Jéhovah à cause de leur conscience éduquée par la Bible. À présent, dans les années 90, après avoir examiné soigneusement chaque cas, les gouvernements de pays comme la Suède, la Finlande, la Pologne, les Pays-Bas et l’Argentine n’imposent plus aux Témoins actifs le service militaire ni un service national de remplacement.

Dans un lieu après l’autre, les Témoins de Jéhovah se sont trouvés dans des situations qui mettaient en question leur neutralité chrétienne. En Amérique latine, en Afrique, au Proche-Orient, en Irlande du Nord et ailleurs, les gouvernements en place ont rencontré une violente opposition de la part de forces révolutionnaires. Par conséquent, tant les gouvernements que les forces adverses ont pressé les Témoins de Jéhovah de les soutenir activement. Mais ces derniers sont restés absolument neutres. Certains ont été cruellement battus et même exécutés à cause de leur prise de position. Souvent, malgré tout, l’authentique neutralité chrétienne des Témoins leur a fait gagner le respect des dirigeants des deux camps, et ils ont pu poursuivre, sans ennui, l’œuvre qui consiste à répandre la bonne nouvelle relative au Royaume de Jéhovah.

Dans les années 60 et 70, la neutralité des Témoins a été sévèrement mise à l’épreuve lorsque tous les citoyens du Malawi ont reçu l’ordre d’acheter une carte pour signifier leur appartenance au parti politique dominant. Les Témoins de Jéhovah ont compris qu’il serait contraire à leurs croyances chrétiennes d’obéir à un tel ordre. En conséquence, ils ont été persécutés avec une cruauté sadique sans précédent. Des dizaines de milliers ont dû fuir le pays, et, par la suite, beaucoup ont été rapatriés de force pour subir d’autres brutalités.

Même quand ils sont violemment persécutés, les Témoins de Jéhovah n’entretiennent pas un esprit de rébellion. Leurs croyances ne représentent une menace pour aucun gouvernement sous lequel ils vivent. À l’inverse, le Conseil œcuménique des Églises finance des révolutions, et des prêtres catholiques soutiennent les guérilleros. Mais si un Témoin de Jéhovah s’engageait dans une activité subversive, cela reviendrait pour lui à renoncer à sa foi.

Certes, les Témoins de Jéhovah croient que les gouvernements humains seront supprimés par le Royaume de Dieu. C’est ce que montre la Bible en Daniel 2:44. Cependant, comme ils le font remarquer, au lieu d’annoncer que les humains vont établir ce Royaume, ce verset dit que “le Dieu du ciel établira un royaume”. De même, expliquent-​ils, ce texte ne dit pas que Dieu autorise les humains à préparer la voie à ce Royaume en renversant leurs dirigeants. Les Témoins de Jéhovah reconnaissent que les véritables chrétiens ont reçu la mission de prêcher et d’enseigner (Mat. 24:14; 28:19, 20). Les faits montrent que, conformément au respect qu’ils ont pour la Parole de Dieu, jamais des Témoins n’ont tenté de renverser un gouvernement quel qu’il soit, où que ce soit dans le monde, ni même comploté de nuire à un fonctionnaire de l’État. Le journal italien La Stampa a écrit à propos des Témoins: “Ces gens-​là sont les citoyens les plus honnêtes qui se puissent souhaiter: ils ne fraudent pas sur les impôts et ne cherchent pas à se soustraire aux lois qui ne les avantagent pas.” Néanmoins, comme ils reconnaissent l’importance de cette question aux yeux de Dieu, chacun d’eux est fermement déterminé à ‘ne pas faire partie du monde’. — Jean 15:19; Jacq. 4:4.

Quand les emblèmes nationaux deviennent l’objet d’un culte

Avec l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne, une vague d’hystérie patriotique a submergé le monde. Afin d’enrégimenter les gens, on a rendu obligatoire la participation aux cérémonies patriotiques. En Allemagne, chacun devait faire le salut prescrit et crier “Heil Hitler!” C’était louer Hitler comme un sauveur; ce salut laissait entendre que tous les espoirs des peuples reposaient sur ce chef. Mais les Témoins de Jéhovah ne pouvaient partager de tels sentiments. Ils savaient qu’ils ne devaient adorer que Jéhovah et qu’il avait suscité Jésus Christ comme Sauveur de l’humanité. — Luc 4:8; 1 Jean 4:14.

Avant même que Hitler ne devienne dictateur en Allemagne, les Témoins de Jéhovah avaient réexaminé l’exemple biblique du prophète Daniel et de ses trois courageux compagnons hébreux à Babylone, dans la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde (publiée en 1931). Lorsque le roi avait ordonné à ces fidèles Hébreux de s’incliner au son d’une certaine musique, ils avaient refusé de faire un compromis, et Jéhovah avait montré clairement qu’il les approuvait en les délivrant (Dan. 3:1-26). La brochure soulignait que les cérémonies patriotiques représentaient une épreuve semblable pour la fidélité des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui.

Peu à peu, la campagne en faveur des cérémonies patriotiques obligatoires a dépassé les frontières de l’Allemagne. Le 3 juin 1935, lors d’une assemblée qui s’est tenue à Washington, répondant à une question relative au salut au drapeau dans les écoles, Joseph Rutherford a mis l’accent sur la fidélité à Dieu. Quelques mois plus tard, lorsque Carleton Nichols, de Lynn (Massachusetts), a refusé de saluer le drapeau américain et d’entonner un chant patriotique, les journaux ont publié cet incident dans tout le pays.

Pour expliquer les faits, le 6 octobre, frère Rutherford a donné un discours radiodiffusé sur le thème “Le salut au drapeau”, discours dans lequel il a dit: “Pour beaucoup, le salut au drapeau est seulement une formalité qui n’a que peu ou pas d’importance. Pour ceux qui considèrent sincèrement cette question du point de vue des Écritures, elle en revêt davantage.

“Le drapeau représente les puissances dirigeantes. Essayer au moyen de la loi d’obliger un citoyen ou l’enfant d’un citoyen à saluer un objet ou une chose quelconque, ou d’entonner ce qu’on appelle des ‘chants patriotiques’, est tout à fait injuste et mal. Les lois sont faites et appliquées pour empêcher la perpétration d’actes non déguisés portant préjudice à autrui, et non pour obliger quelqu’un à violer sa conscience, particulièrement lorsque cette conscience est éduquée par la Parole de Jéhovah Dieu.

“Refuser de saluer le drapeau et se taire, comme l’a fait ce garçon, ne cause de tort à personne. Si quelqu’un croit sincèrement que le salut au drapeau est contraire au commandement divin, l’obliger à le faire à l’encontre de la Parole de Dieu et de sa conscience lui cause un grand préjudice. L’État n’a pas le droit, que ce soit par la loi ou par d’autres moyens, de porter préjudice aux gens.”

La brochure Loyalty (Loyauté), publiée aussi en 1935 (en anglais), contenait d’autres explications sur les raisons de la position des Témoins de Jéhovah. Elle attirait l’attention sur des versets bibliques comme ceux-ci: Exode 20:3-7, qui ordonne aux serviteurs de Dieu de n’adorer que Jéhovah et de ne fabriquer aucune image qui ressemble à quoi que ce soit dans les cieux ou sur la terre, ni de s’incliner devant; Luc 20:25, où Jésus Christ dit qu’on doit rendre non seulement les choses de César à César, mais aussi les choses de Dieu à Dieu; et Actes 5:29, où les apôtres déclarent avec fermeté: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.”

Aux États-Unis, on a laissé aux tribunaux le soin de déterminer s’il convenait d’obliger quelqu’un à saluer le drapeau. Le 14 juin 1943, la Cour suprême des États-Unis a annulé un arrêt qu’elle avait rendu précédemment et, dans l’affaire Académie de Virginie occidentale contre Barnette, a jugé qu’imposer le salut au drapeau était incompatible avec la garantie de liberté établie dans la constitution nationale *.

Le problème des cérémonies nationalistes ne s’est pas posé qu’en Allemagne et aux États-Unis. Bien qu’ils aient adopté une attitude respectueuse durant les cérémonies du salut au drapeau ou d’autres manifestations du même genre, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Afrique et en Asie, les Témoins de Jéhovah ont été cruellement persécutés parce qu’ils n’y participaient pas. Des enfants ont été battus; beaucoup ont été expulsés de leur école. De nombreux procès ont eu lieu.

Des observateurs se sont sentis poussés à reconnaître que, dans ce domaine comme dans d’autres, les Témoins de Jéhovah se sont montrés semblables aux premiers chrétiens. Ainsi, voici ce que dit le livre The American Character (Le tempérament américain): “Les réticences des Témoins étaient tout aussi incompréhensibles pour l’écrasante majorité (...) que l’étaient, pour Trajan et Pline, celles des chrétiens [dans l’Empire romain] à offrir un sacrifice au dieu empereur.” Il fallait s’y attendre, car, à l’exemple des premiers chrétiens, les Témoins de Jéhovah considéraient les choses, non à la manière du monde, mais à la lumière des principes bibliques.

Leur position est clairement affirmée

Après que la neutralité chrétienne des Témoins de Jéhovah a été cruellement mise à l’épreuve pendant des années, La Tour de Garde du 1er février 1980 a réaffirmé leur position. Elle a aussi expliqué la raison de l’attitude adoptée par les Témoins individuellement, en ces termes: “Grâce à une étude assidue de la Parole de Dieu, ces jeunes chrétiens purent prendre une décision. Personne d’autre ne la prit à leur place. Chacun put écouter la voix de sa conscience éduquée par la Bible et faire un choix personnel. Or, ils décidèrent de ne pas se livrer à des manifestations de haine et de violence à l’égard de leurs semblables d’autres nations. Oui, ils ont ajouté foi et voulu prendre part à l’accomplissement de la célèbre prophétie d’Ésaïe: ‘Et ils devront forger leurs épées en socs de charrue et leurs lances en cisailles à émonder. Une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et ils n’apprendront plus la guerre.’ (És. 2:4). Ces jeunes hommes de toutes les nations ont agi exactement de cette manière.”

Au cours des années où leur attachement à la neutralité chrétienne a été éprouvé, les Témoins sont parvenus à définir plus clairement leurs relations avec les gouvernements grâce à un nouvel examen de ce que dit la Bible à propos des “autorités supérieures” en Romains 13:1-7. Cet examen a été publié dans La Tour de Garde du 15 février 1963, ainsi que dans celles du 1er et du 15 mars de la même année, et réaffirmé dans l’édition du 1er novembre 1990. Ces articles mettaient l’accent sur la position de Jéhovah, “le Dieu suprême”, et expliquaient que les dirigeants sont des “autorités supérieures” par rapport aux autres humains et seulement dans la sphère d’activité que Dieu leur accorde dans l’actuel système de choses. Les articles montraient que les véritables chrétiens doivent honorer en toute bonne conscience ces dirigeants et leur obéir en toutes choses qui ne sont pas en contradiction avec la loi de Dieu et avec leur conscience éduquée par la Bible. — Dan. 7:18; Mat. 22:21; Actes 5:29; Rom. 13:5.

L’attachement indéfectible des Témoins de Jéhovah à ces principes bibliques leur vaut une réputation semblable à celle qu’avaient les premiers chrétiens: celle de gens qui se tiennent séparés du monde.

Quand le monde célèbre ses fêtes

Lorsque les Témoins de Jéhovah se sont défaits des enseignements religieux d’origine païenne, ils ont abandonné des coutumes également impures. Cependant, à une époque, certaines fêtes n’avaient pas été soumises à l’examen scrupuleux qu’elles méritaient. Noël était l’une d’elles.

Même ceux qui travaillaient au siège mondial de la Société Watch Tower, au Béthel de Brooklyn (New York), célébraient cette fête chaque année. Ils savaient depuis des années que le 25 décembre n’était pas la date exacte de la naissance du Sauveur, mais ils se disaient que cette date y était depuis longtemps universellement associée et qu’il convenait de faire du bien à autrui peu importe le jour. Toutefois, après d’autres recherches sur le sujet, les Étudiants de la Bible qui travaillaient au siège de la Société, ainsi que ceux des filiales d’Angleterre et de Suisse, ont décidé de ne plus participer aux fêtes de Noël; cette fête n’a plus été célébrée après 1926.

Richard Barber, qui appartenait au personnel du siège mondial, a fait des recherches approfondies sur l’origine des coutumes de Noël et leurs conséquences et a présenté sa conclusion dans une émission radiophonique. Ce discours a aussi été publié dans L’Âge d’Or du 12 décembre 1928 (en anglais). Il dévoilait en détail les origines de Noël, lesquelles déshonorent Dieu. Depuis, les origines païennes des coutumes de Noël sont connues du public, mais peu de gens modifient leur mode de vie en conséquence. De leur côté, les Témoins de Jéhovah ont volontiers apporté les changements nécessaires pour être des serviteurs de Jéhovah plus dignes.

Il a été démontré qu’en réalité on s’intéressait plus à la célébration de la naissance de Jésus qu’à la rançon fournie par sa mort; que les festivités et l’esprit avec lequel de nombreux cadeaux sont offerts n’honorent pas Dieu; que les mages, dont on imitait la générosité, étaient en réalité des astrologues inspirés par les démons; que les parents apprennent à leurs enfants à mentir en leur parlant du père Noël; que “saint Nicolas” (le père Noël dans certains pays) est, de l’aveu général, un autre nom donné au Diable; et que ces fêtes étaient, comme le reconnaissait le cardinal Newman dans son ouvrage Essay on the Development of Christian Doctrine (Essai sur le développement de la doctrine chrétienne), “les instruments et les accessoires mêmes du culte du démon” que l’Église avait adoptés. Lorsqu’ils ont appris tout cela, les Témoins de Jéhovah ont promptement et définitivement cessé de célébrer Noël.

Les Témoins de Jéhovah passent de bons moments en famille ou entre amis. Mais ils ne participent pas aux fêtes qui ont un rapport avec des dieux païens (comme c’est le cas de Pâques, du Jour de l’An, du Premier Mai et de la fête des mères) (2 Cor. 6:14-17). À l’instar des premiers chrétiens *, ils ne célèbrent même pas les anniversaires de naissance. Ils s’abstiennent respectueusement de participer aux fêtes nationales qui commémorent des événements politiques ou militaires, et se refusent à vouer un culte aux héros nationaux. Pour quelle raison? Parce qu’ils ne font pas partie du monde.

Ils aident leurs semblables

Le respect des dieux était le cœur même de la vie sociale et culturelle de l’Empire romain. Les chrétiens s’abstenant de tout ce qui avait un rapport avec les dieux païens, les gens considéraient leur mode de vie comme un affront au leur. Selon l’historien Tacite, les chrétiens étaient accusés de haine contre le genre humain. Trahissant un sentiment semblable, Minucius Félix cite dans ses écrits les propos d’un Romain à l’une de ses connaissances, un chrétien: “Vous n’allez point aux spectacles, vous n’assistez point à nos solennités, (...) à nos combats sacrés.” Les masses du monde romain antique ne comprenaient pas les chrétiens.

De même aujourd’hui, beaucoup ne comprennent pas les Témoins de Jéhovah. Peut-être admirent-​ils leurs normes morales élevées, mais ils pensent qu’ils devraient prendre part aux activités du monde et contribuer à le rendre meilleur. Toutefois, ceux qui font directement connaissance avec les Témoins de Jéhovah apprennent qu’il y a une raison biblique à tout ce qu’ils font.

À l’exemple de Jésus Christ, loin de se tenir à l’écart du reste du monde, les Témoins de Jéhovah consacrent leur vie à aider leurs semblables. Ils les aident à apprendre comment régler dès maintenant les problèmes de la vie, en leur faisant connaître le Créateur et les principes qu’il a établis dans sa Parole inspirée. Ils font connaître gratuitement à leur prochain les vérités bibliques, qui peuvent modifier complètement le point de vue d’une personne sur la vie. L’essentiel de leur croyance est la prise de conscience que “le monde passe”, que Dieu va bientôt intervenir pour mettre fin à l’actuel système de choses méchant, et qu’un avenir brillant attend ceux qui demeurent séparés du monde et fondent leur foi sur le Royaume de Dieu. — 1 Jean 2:17.

[Notes]

^ § 22 La Tour de Garde du 1er juin 1918 (angl.), p. 174.

^ § 47 Pour plus de détails, voir chapitre 30, “Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle”.

^ § 59 Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche, Auguste Neander, p. 190.

[Entrefilet, page 188]

Ils ne vivent pas en reclus, mais ils n’adoptent pas le mode de vie du monde.

[Entrefilet, page 189]

Ils se sont retirés des Églises de la chrétienté.

[Entrefilet, page 190]

“Les chrétiens se tenaient séparés de l’État.”

[Entrefilet, page 194]

La neutralité chrétienne mise à l’épreuve.

[Entrefilet, page 198]

‘Personne n’a pris la décision à leur place.’

[Entrefilet, page 199]

Pourquoi ils ont cessé de célébrer Noël.

[Encadré, page 195]

Aucune menace pour un quelconque gouvernement

À propos du traitement infligé aux Témoins de Jéhovah dans un pays d’Amérique latine, un éditorial du “World-Herald” d’Omaha (Nebraska, États-Unis) a déclaré: “Il faut avoir l’esprit singulièrement étroit et paranoïaque pour croire que les Témoins de Jéhovah représentent un danger quelconque pour un régime politique; ils sont tout le contraire d’un groupement séditieux et se montrent aussi attachés à la paix qu’on peut l’attendre d’une dénomination religieuse. Tout ce qu’ils demandent, c’est qu’on les laisse tranquillement vivre leur foi à leur manière.”

Le journal italien “Il Corriere di Trieste” a déclaré: “On devrait admirer les Témoins de Jéhovah pour leur fermeté et leur logique. Contrairement aux autres religions, leur unité les empêche de prier le même Dieu au nom du même Christ pour bénir deux camps adverses dans un conflit, ou bien de mélanger la politique et la religion pour servir les intérêts des chefs d’État ou des partis politiques. Enfin, le plus remarquable, c’est qu’ils sont prêts à affronter la mort plutôt que de violer le précepte fondamental pour le salut de l’homme, à savoir le commandement: ‘TU NE TUERAS POINT!’”

Après que les Témoins de Jéhovah ont enduré 40 ans d’interdiction en Tchécoslovaquie, le journal “Nová Svoboda” a écrit en 1990: “La foi des Témoins de Jéhovah leur interdit de se servir d’armes contre des humains; ceux qui refusaient d’effectuer le service militaire minimum et n’obtenaient pas de travailler dans les mines de charbon allaient en prison, parfois pour quatre ans. Ce seul fait démontre qu’ils ont une force morale extraordinaire. Nous pourrions confier à ces personnes pleines d’abnégation les plus hautes fonctions politiques, mais nous n’y parviendrons jamais (...). Bien sûr, ils reconnaissent les autorités gouvernementales, mais ils croient que seul le Royaume de Dieu est capable de résoudre l’ensemble des problèmes de l’humanité. Attention cependant: ce ne sont pas des fanatiques, mais des gens entièrement dévoués à la cause d’autrui.”

[Encadré/Illustrations, pages 200, 201]

Des pratiques qui ont été abandonnées

Cette fête de Noël qu’ils ont célébrée au Béthel de Brooklyn en 1926 a été la dernière; les Étudiants de la Bible ont compris peu à peu que ni l’origine de cette fête ni les pratiques qui y sont associées n’honoraient Dieu.

Pendant des années, les Étudiants de la Bible ont porté une broche représentant une croix et une couronne pour s’identifier, et ce symbole a figuré sur la couverture de “La Tour de Garde” de 1891 à 1931. Cependant, en 1928, on a fait remarquer que ce n’était pas avec une broche décorative, mais par son activité de témoignage, que quelqu’un montrait qu’il était chrétien. En 1936, on a souligné qu’à l’évidence le Christ est mort sur un poteau, et non sur une croix faite de deux poutres.

Dans leur livre “La Manne quotidienne”, les Étudiants de la Bible tenaient une liste des anniversaires de naissance. Mais après avoir cessé de fêter Noël et avoir compris que célébrer les anniversaires de naissance revenait à accorder un honneur déplacé aux créatures (raison pour laquelle les premiers chrétiens n’ont jamais célébré les anniversaires), les Étudiants de la Bible ont également abandonné cette pratique.

Pendant 35 ans, le pasteur Russell a pensé que la Grande Pyramide de Guizèh était un témoin de pierre pour Dieu, qui corroborait les périodes bibliques (És. 19:19). Mais les Témoins de Jéhovah ont renoncé à l’idée qu’une pyramide égyptienne ait quelque chose à voir avec le vrai culte. (Voir les numéros de “La Tour de Garde” de février 1929 [15 novembre et 1er décembre 1928, en anglais].)

[Illustration, page 189]

Dix millions d’exemplaires ont été diffusés.

[Illustrations, page 191]

Certains sont allés dans les tranchées, armés de fusils, mais d’autres, comme Remigio Cuminetti, en Italie, et Pryce Hughes, en Angleterre, ont refusé de s’engager.

[Illustrations, page 193]

Les Témoins de Jéhovah ont refusé de considérer la Société des Nations et l’ONU comme venant de Dieu; ils ont soutenu le Royaume de Dieu confié au Christ.

[Illustration, page 197]

Carleton et Flora Nichols. Lorsque leur fils a refusé de saluer le drapeau, la nouvelle a fait le tour du pays.